Zoom sur l'Histoire : les empreintes digitales

The history of fingerprinting
14 juin 2021
Zoom sur l'Histoire : les empreintes digitales

Tout le monde sait que, à l'instar des flocons de neige, les empreintes digitales de chacun ne sont pas identiques. Les Babyloniens de l'Antiquité faisaient preuve de créativité en la matière. Ils pressaient le bout de leurs doigts dans de l'argile pour documenter une transaction commerciale. Bien que cet analogue antique de reconnaissance des empreintes digitales soit fascinant, nous allons nous pencher sur un processus plus directement lié à la criminologie, à savoir la manière dont les empreintes digitales ont modifié notre façon d'identifier les criminels. Cette méthode remonte peut-être à plus loin que vous ne le pensez ! Découvrons-en plus...

Avant de découvrir que les empreintes digitales constituaient un moyen précis d'identifier les criminels, il a d'abord fallu apprendre qu'elles étaient propres à chaque individu et pouvaient servir d'identifiant. En 1858, l'Anglais Sir William Herschel était magistrat en chef du district de Hooghly à Jungipoor, en Inde. Afin de lutter contre la fraude, Herschel demanda aux habitants d'enregistrer l'empreinte de leur main pour la signature de documents commerciaux. Quelques années plus tard, le médecin écossais Henry Faulds, qui travaillait au Japon, découvrit des empreintes digitales sur d'anciens morceaux d'argile laissés par des artisans plusieurs siècles auparavant. Faulds reconnut ensuite les empreintes digitales comme méthode d'identification et de classification. C'est également à Faulds que l'on doit la première identification par empreinte latente en 1880, à savoir une empreinte digitale grasse déposée sur une bouteille d'alcool.

En ce qui concerne plus spécifiquement l'application de la loi, Alphonse Bertillon, un employé de la préfecture de police de Paris, en France, fut un pionnier dans l'utilisation des mesures de personnes à des fins d'identification. Ce système connu sous le nom de système Bertillon, ou anthropométrie, consistait à prendre des mesures telles que la longueur et la largeur de la tête, la longueur du majeur, la longueur du pied gauche et la longueur de l'avant-bras. Il établit également la pratique de la photographie des visages des personnes interpellées, connue sous le nom de « photos d'identité ». Plus tard, il introduisit les empreintes digitales, bien que celles-ci fussent reléguées à un rôle secondaire dans le système.

Ce n'est qu'en juin 1902 que les empreintes digitales furent utilisées comme éléments de preuve dans un procès et permirent d'obtenir une condamnation. L'affaire se déroula dans le sud de Londres, au Royaume-Uni, à la suite d'un cambriolage. Au cours de l'enquête, un policier remarqua des empreintes digitales sur un rebord de fenêtre récemment peint. Après avoir confirmé qu'il ne pouvait s'agir des empreintes d'aucun membre du ménage, ni d'aucune personne effectuant des travaux dans la propriété, les empreintes furent envoyées au Service des empreintes digitales de Scotland Yard. Ils purent passer au crible les empreintes digitales de criminels connus jusqu'à ce qu'une empreinte similaire fut trouvée et se révéla être identique ! L'empreinte appartenait à Harry Jackson, 41 ans, qui avait déjà purgé une peine pour vol. Jackson fut arrêté et surpris en possession de divers objets volés. Au cours du procès, le parquet a convaincu le jury de la fiabilité des empreintes digitales et, en septembre 1902, Harry Jackson a été reconnu coupable et condamné à sept ans d'emprisonnement.

Un cas intéressant se produisit en 1903, dans une prison fédérale de Leavenworth, au Kansas, qui entraîna un changement dans la manière dont les Américains étaient classés et identifiés. Un homme nommé Will West entra dans la prison de Leavenworth en tant que détenu ; comme à l'accoutumée, son visage fut photographié et ses mensurations de Bertillon furent relevées. Cependant, cette fois-ci, quelque chose d'inhabituel fut constaté à l'issue du processus : il semblait que ce détenu était déjà incarcéré à Leavenworth. Il se trouve qu'un autre détenu portant le même nom, William West, ayant les mêmes mensurations de Bertillon et une ressemblance faciale frappante, occupait une cellule de la prison. L'image de William West était si proche de Will West qu'à l'examen de la photo, Will West déclara : « C'est ma photo, mais je ne sais pas où vous l'avez trouvée, car je sais que je ne suis jamais venu ici auparavant. » Naturellement, cela remit en question la fiabilité des mesures de Bertillon ; il était clair qu'une méthode d'identification plus fiable s'imposait. C'est ainsi que nacquit l'identification par empreintes digitales.

Jusqu'aux années 1980, les détectives devaient comparer manuellement les empreintes digitales avec les empreintes déjà enregistrées afin d'établir une correspondance particulière. Cette méthode très fastidieuse pouvait prendre des heures, voire des jours, et ne permettait pas toujours de parvenir à une identification. L'agence de la police nationale japonaise ouvrit la voie à l'automatisation en mettant au point le premier système électronique de comparaison d'empreintes digitales, connu sous le nom de Système automatisé d'identification des empreintes digitales (AFIS). L'AFIS permettait une vérification presque instantanée des empreintes digitales, représentant ainsi une amélioration considérable. Cependant, il n'y avait pas de coordination entre les différentes agences ou forces de police, de sorte qu'il restait encore des obstacles à surmonter.

Le succès survint en 1999, avec l'introduction de l'AFIS intégré (IAFIS). Ce système encore utilisé aujourd'hui permet de classer, de rechercher et d'extraire des empreintes digitales provenant de pratiquement n'importe où dans le monde en une trentaine de minutes. Le système contient les empreintes digitales, les photos d'identité et les antécédents criminels d'environ 50 millions de personnes, ce qui est tout à fait différent du tri et de l'identification manuels des caractéristiques subtiles des empreintes digitales d'un individu. Merci encore à la technologie !

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